fbpx

25 Mai 2022

TRIBUNE LIBRE : LES SOFT SKILLS au Maroc, de nouveaux repères qui se dessinent

Le nouveau modèle de développement économique au Maroc a mis en relief de nouvelles exigences du marché en termes de compétences professionnelles et académiques.

Ainsi, le contexte d’abondance d’information et de développement technologique a poussé les entreprises à remettre en question leurs exigences en matière de compétences des nouvelles recrues. Les nouvelles tendances du marché et la complexité dans le domaine professionnel ne peuvent être appréhendés par les seules compétences techniques, les entreprises ont besoin des capacités humaines, relationnelles et sociales pour se dépasser et bien se positionner, c’est ainsi que la lumière a été mise sur les soft skills dans la vie professionnelle et académique pour assurer l’employabilité et l’adaptabilité des étudiants, nouveau patrimoine de l’économie de Demain.

Les softs skills, sont une réponse concrète aux nouvelles tendances du marché actuel et représentent un catalyseur de développement et de performance pour toute entreprise, elles sont un véritable enjeu pour le manager.

Les soft skills sont les compétences que chacun possède, de manière plus ou moins consciente : pédagogie, créativité, gestion du stress, écoute, adaptabilité, empathie, etc. Elles sont essentielles dans la vie professionnelle et cohabitent avec les autres compétences et connaissances (« hard skills ») longtemps privilégiées.

Ces softs skills sont le moteur d’adaptation pour gérer la transition du monde académique au monde professionnel. Quelles sont alors, les softs Skills essentielles et quels sont leurs apports pour l’individu et l’entreprise ?

Les soft skills essentielles

Les hard skills (les savoirs et savoir-faire techniques) ne suffisent plus ni pour assurer une vie satisfaisante à l’individu (épanouissement de soi-même), ni pour construire des entreprises pérennes.

‘’We hire for hard skills. We fire for soft skills..’’ a bien dit Rick Stephens, Senior Vice President of HR, The Boeing Corporation.

Une étude menée par l’université Harvard démontre que 85% des postes décrochés résultent des softs skills alors qu’uniquement 15% sont le résultat des hard skills. D’où l’intérêt porté par les auteurs et chercheurs au sujet des soft skills. Plusieurs écrits ont creusé sur les différentes typologies de soft skills qu’on peut ainsi rassembler dans la classification de Fabrice Mauléon, Julien Bouret, Jérôme Hoarau dans leur ouvrage le ‘’Réflexe Soft Skills’’. Il s’agit d’après eux de 4 soft skills essentielles que nous utilisons tous les jours, quelle que soit la situation :

1.CONSCIENCE :

Ce terme est défini par Locke comme « la façon dont un homme perçoit ce qui se passe dans son propre esprit ». C’est notamment cette façon de percevoir ce qui se passe dans notre esprit qui nous permet de travailler et de s’améliorer.

La prise de conscience dynamise les ressources de l’individu et l’utilisation consciente des soft skills permet de les perfectionner consciemment et intelligemment.

2.ESPRIT D’ENTREPRENDRE ;

Un entrepreneur dans ce cas n’est pas rattaché à un statut de créateur d’entreprise, cela va au- delà de la fonction.

L’esprit d’entreprendre est une aptitude que tout le monde a la capacité de développer : il s’agit d’un état d’esprit orienté vers la prise d’initiative et la construction de solutions. De plus, cette aptitude peut- être « musclée » à travers l’expérience : c’est en entreprenant que l’on devient entrepreneur.

« Il n’y a pas “un” caractère d’entrepreneur. Mais il faut “du” caractère pour l’être. » Peter Drucker

3.LA CONFIANCE :

La confiance est utilisable dans plusieurs situations différentes, elle contribue à une meilleure résilience intellectuelle, individuelle et collective. La confiance contribue donc au « développement durable » de l’individu.

Un manager qui n’a pas confiance en lui peut difficilement inspirer de la confiance auprès de ses collaborateurs, car il doit avant tout « vivre » l’état d’esprit de confiance pour le transmettre aux autres. Comme le disait François de la Rochefoucauld, « Rien n’est plus contagieux que l’exemple »

4.LA SYNERGIE :

Dans son ouvrage ‘’Le Développement de la personne’’, Carl R. Rogers, célèbre psychologue humaniste, illustre la notion de synergie par l’amélioration des relations interpersonnelles et par la notion de compréhension empathique qu’il définit comme la capacité à « percevoir l’idée et l’attitude exprimée du point de vue de l’autre personne, à sentir comment elle agit sur sa sensibilité, à assimiler son cadre de référence à l’égard des choses dont elle parle ».

Cette attitude « empathique » ne correspond pas à un réflexe inné, en tout cas, pas pour tout le monde. Mais si elle n’est pas naturelle pour tous, chacun peut la travailler en élargissant la perception de son environnement, et plus particulièrement, la perception que vous avez de la personne qui se trouve en face de vous.

Soft skills, ce que changera chez la personne

L’objectif des soft skills est d’aider la personne à mieux se connaître et à se situer par rapport à un métier donné ou à se préparer à chercher un emploi. C’est selon des spécialistes de la question « tout un travail sur le comportement et sur la personnalité qui vise à renforcer la confiance en soi dans une optique professionnelle ». Il s’agit des atouts supplémentaires qui permettent de « durer » dans l’entreprise et de tracer son cheminement professionnel pour l’amélioration du bien-être dans l’environnement. En effet, l’amélioration des relations interpersonnelles par exemple, peut être une finalité épanouissante à la fois sur le plan personnel que professionnel.

Les soft skills aideront la personne à prendre conscience des différentes situations qui se présentent et de changer d’angle de vue tout en prenant du recul, cela permettra d’avoir une attitude managériale basée sur la confiance , la flexibilité, et la capacité d’ajustement et d’adaptation. Ce réflexe soft skills est un moyen d’analyse de la situation et d’amélioration de l’esprit critique.

Soft Skills dans le domaine académique

Pour faire face à un système pédagogique obsolète, et répondre à la problématique de l’employabilité, le Maroc sous l’égide de sa Majesté à mis en place une nouvelle politique intégrée dédiée à la promotion de la jeunesse marocaine, axée fondamentalement sur la formation et l’emploi, et capable d’apporter des solutions réalistes à leurs problèmes. Cette jeunesse qui constitue la richesse de notre pays doit être gérée en amont grâce à un programme d’enseignement porteur de nouvelles perspectives et promoteur de développement économique et social qui veille sur la mise en place des stratégies et des politiques d’action d’envergure nationale, via une approche impérativement holistique, comprenant aussi bien les volets de l’éducation et de la formation que ceux de l’emploi, de la promotion de l’entrepreneuriat, de l’engagement civique ou encore de la tolérance et du vivre ensemble.

Plusieurs programmes de formation ont été initiés par le Maroc pour créer le pont entre l’université et l’entreprise et pour permettre d’assurer des débouchés adaptés au marché du travail, disposant des compétences transversales, comme le programme d’USAID qui a été lancé à travers Career center et qui a connu un succès important et le programme appelé Taqaddam qui est une nouvelle initiative qui vise à démontrer que l’étudiant peut être acteur dans la vie sociale en présentant une solution à un défi mondial ou social , et récemment l’élaboration du système Bachelor qui est le projet phare de changement du modèle d’enseignement, qui a pour fil conducteur le profil du lauréat débouché : un lauréat doté de leadership, d’autonomie, du sens de communication et d’esprit d’initiative…, un lauréat qui maîtrise les langues étrangères et le numérique. En somme, un candidat doté des précieux atouts lui permettant de mieux appréhender le monde de travail et de réussir son insertion professionnelle.

Soft skills, pour une entreprise meilleure

La crise économique et les changements conjoncturels ont montré que le contexte du travail est complexe et obéit à plusieurs paramètres qui nécessitent des compétences particulières pour gérer la crise et mettre en place des stratégies adaptées.

Pour une entreprise performante, l’employé idéal, est celui qui est capable de mobiliser ses différentes intelligences dans le but d’optimiser sa communication avec différents interlocuteurs, dans différents contextes, faisant donc gagner du temps à l’entreprise. C’est le leader charismatique qui a un esprit d’équipe, une capacité d’écoute et une agilité professionnelle.

Plusieurs recherches menées ont démontré l’impact des soft skills sur la performance des entreprises et sur la réussite du management moderne ainsi que sur la satisfaction et l’implication du personnel. Les entreprises sont de plus en plus nombreuses à investir dans les employés au lieu de faire passer les actionnaires en premier plan, elles s’attachent à devenir plus empathiques afin de bien gérer leurs talents et les mettre dans les meilleures conditions .

YOUSRA ANDALIB

Docteur et chercheur en Economie et Gestion

Coach personnel et professionnel Cadre responsable a la CNSS