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07 Juil 2021

Bien vivre son travail au moment de crise

Dès les débuts de la crise sanitaire que, malheureusement, le monde est encore en train de traverser, on a parlé de la crise ou pandémie psychologique qui marquerait cette période. Tous les acteurs de la santé ainsi que les entreprises se sont vite intéressés à la santé des collaborateurs, et ce, ne se limitant pas à œuvrer ensemble avec pour but ultime de les protéger du virus COVID-19, mais également de protéger leur santé mentale et leur
bien-être.

Et soudainement, un sujet qui a été conceptualisé, discuté, promu depuis plusieurs années a pris toute son importance !

Ceci dit, faisons-nous face à une problématique unique ou à une équation à plusieurs variables, plus complexe que nous le croyons ? S’agit-il de la santé et sécurité au travail, physique ou mentale ; bien-être au travail ? Peut-on nous dissocier bien-être au travail du bien-être “tout court”? Tant de questions qui se bousculent dans l’esprit de tous les dirigeants, professionnels RH, acteurs de la santé et surtout des individus eux-mêmes. Avec cette perspective en tête, essayons de décortiquer tout cela !

Comment manager les fragilités au travail ?

Selon l’OMS, le bien-être au travail consiste en « un état d’esprit dynamique, caractérisé par une harmonie satisfaisante entre les aptitudes, les besoins et les aspirations du travailleur, d’une part, et les contraintes et possibilités du milieu de travail, d’autre part ».

Une définition tellement large qu’elle implique plusieurs facteurs, santé et sécurité au travail, rémunération, lutte contre le stress, ergonomie, environnement du travail, relations au travail, etc… Et plus récemment, on peut y ajouter la santé mentale et le bonheur au travail, des problématiques à haut enjeu, une définition large ; mais saurons-nous par où commencer ?!

Donc, quelle approche pouvons-nous avoir en entreprise ?

En voyant la complexité de l’équation, une approche systémique avec une conceptualisation claire et simple s’impose, en sachant pertinemment que toutes les variables sont interdépendantes. En plus de l’approche systémique, une prise de conscience qu’il s’agit d’un axe stratégique dont la réflexion et la responsabilité incombent au top management, bénéficiant de l’expertise et du support des fonctions HSSE et RH, est primordiale.

Les deux fonctions citées doivent travailler « hand in hand » avec le management à tous les niveaux pour définir et déployer une stratégie Santé, Sécurité et Hygiène au travail (incluant Santé mentale) accompagnée d’une stratégie orientée people qui place l’engagement et le bien-être des collaborateurs au centre de la stratégie RH.

Il est vrai que l’expérience a montré qu’on ne peut développer un environnement de travail positif et « équilibré » sans travailler sur l’engagement des employés et leur bien-être incluant leur « happiness» et «work-life balance».

Il est rassurant de souligner, qu’aujourd’hui, les cabinets experts en engagement des collaborateurs ont investi, pendant plusieurs années, les ressources et le temps nécessaires à développer une base de données, à l’échelle internationale, leur permettant d’avoir un fondement solide pour l’élaboration d’enquêtes engagement conceptualisées sur une base systémique prenant en compte tous les aspects discutés plus haut.

Ceci, sans oublier de responsabiliser les managers sur leur rôle et leur impact sur le bien-être et l’engagement de leurs collaborateurs. Il a été prouvé, grâce aux multiples enquêtes et études faites par ces cabinets de grande renommée tel que Gallup, que l’engagement (et bien évidemment le bien-être) des employés dépendaient de leur manager et ce, à hauteur de 80%.

Le bien-être est-il la responsabilité du Manager, de l’Entreprise ou de l’Individu lui-même ?

Une question fondamentale à soulever qui permettrait de mettre fin à ce jeu « invisible » mais pas moins réel, et de se « jeter la balle » ! Et oui Mesdames, Messieurs, il faudra qu’on le réalise ! Ce n’est plus au RH ou au HSSE de s’occuper (seuls) de la santé mentale, de l’engagement, de la satisfaction, du bonheur, de l’équilibre vie privée-vie professionnelle et donc du bien-être des employés.

C’est effectivement une responsabilité managériale ; cela va sans dire que les fonctions expertes sont là pour codévelopper une stratégie efficace et agir en tant que partenaires au quotidien pour sa concrétisation.

Un autre débat a également attiré mon attention au début de la pandémie lorsque la santé mentale et le bien-être au-delà du lieu de travail sont devenus une vraie problématique , vu l’enjeu vis-à-vis des collaborateurs , mais également de la performance de l’entreprise et la continuité de son activité : une résistance latente de la part des managers s’est un peu ressentie quant au rôle à jouer vis-à-vis de cela.

À cet égard, nous avons vu de multiples entreprises structurées, plaçant le capital humain au centre de leurs préoccupations, déployer, depuis le début de la pandémie, des programmes complets pour accompagner leurs employés, ceux qui restent dans le milieu de travail assurant la continuité de l’activité et ceux qui travailleraient à partir de leur domicile.

Le but de cet accompagnement n’était pas juste d’ordre « physique » luttant contre le risque de contamination , mais aussi d’ordre mental œuvrant pour l’équilibre psychologique et le bien-être au-delà de l’enceinte de l’entreprise.

Ouvrons une parenthèse ici pour applaudir l’agilité des collaborateurs et des entreprises face à la nécessité urgente, à laquelle nous avons fait face en début de pandémie, d’un changement rapide de l’organisation de travail devant mettre en place le télétravail.

La complexité fut effectivement principalement liée au fait que le cadre légal est encore flou au Maroc, les polices d’assurance peu claires sur le sujet, les pratiques managériales, voire même la culture leadership, qui doivent s’adapter à un nouveau mode de gestion à distance, la nécessité d’une transformation digitale, etc.

Malgré tout cela, les bons questionnements ont été soulevés par plusieurs sociétés pour développer des politiques internes qui combleraient les écarts ou vides existants, sur le plan législatif ou autre.

Un focus important a été créé également sur la responsabilité de l’entreprise vis-à-vis de l’employé qui travaille à partir de son domicile; comment s’assurer de son bien-être? alors que le lieu de la vie privée devient le lieu de travail, sans que cela crée une pression mentale supplémentaire, tout en s’assurant que les horaires de travail soient respectés, que le poste de travail soit ergonomique offrant un environnement confortable ; etc.

Tant d’aspects qui restent difficilement maitrisable à l’extérieur du lieu de travail. Malgré cette difficulté, l’entreprise s’est vu incomber la responsabilité de protéger la santé de ses collaborateurs même chez eux, tout en formant les managers à gérer leur équipes à distance développant aussi la capacité à coacher et à accompagner leurs équipes avec un objectif de maintien d’un niveau de performance optimal , tout en protégeant leur bien-être et leur santé mentale.

A cet effet, la prise de conscience et des faits concrets ont été observés ces derniers mois ; mais le chemin à parcourir nécessite encore de l’investissement pour les entreprises et ses managers ; du moins ceux qui ciblent un haut niveau de standards.

Ceci dit, tout cela représente une avancée majeure en matière de leadership et de gestion des ressources humaines & de gestion de la santé que nous sommes heureux de voir et que nous l’espérons deviendra un standard après la pandémie.

Pouvons-nous dissocier bien-être au travail du bien-être de manière générale ?

La réalité a inspiré plusieurs écrits ainsi qu’une nouvelle démarche de recherche individuelle et profonde d’un bien-être global et d’un sens à ce qu’un tout un chacun fait. Une recherche qui soulève plusieurs questionnements existentiels incluant le bien-être au travail et le bien-être dans la vie privée, l’équilibre entre les deux ; la prise de conscience que chacun d’entre nous, est maître de ses décisions et de ses choix y compris sa relation au travail et à l’entreprise dans laquelle il/elle travaille.

L’entreprise et la société, telles qu’elles s’organisent, ayant la responsabilité d’une approche et de moyens bienveillants et structurés en la matière, les leaders à adopter un nouveau style de management s’inscrivant dans un esprit de « compassionate leadership » et l’Individu ayant la responsabilité de sa propre recherche et expérience du bien-être. C’est ce que j’en pense… et vous ?

 

Mme. Leila Fadil

Experte en RH, Leadership et Organisation
& Passionnée de l’Humain.

Article du magazine « AIGLE », 9ème édition