Je ne vais pas justifier le choix de ce film, la vérité c’est que je cherchais la moindre excuse pour le faire, et voilà… !
Synopsis du film :
Aux États-Unis, douze hommes forment le jury d’un procès criminel. Ils doivent statuer à l’unanimité sur le sort d’un jeune homme, accusé de parricide. S’il est déclaré coupable, la chaise électrique sera la sentence. S’il est déclaré innocent, il sera libre.
Le scénario du film sert de révélateur des motivations et des préjugés des jurés, des hommes issus de milieux sociaux différents. (Wikipédia)
Au début du film, tous les membres du jury votent coupable, tous sauf un, et à la fin du film tous les jurés qui ont voté coupable ont changé leurs votes en non coupable. Ce qui se passe entre ces deux moments est l’une des plus riches expositions cinématographiques de la psychologie humaine : Comment communiquer, comment argumenter ? Comment remettre en cause le raisonnement des autres ? Comment imposer son style de leadership ?
Aussi simple que le synopsis apparaisse, il est beaucoup plus profond et compliqué. En effet, le film explore de nombreuses techniques de recherche de consensus et les difficultés rencontrées avant de l’atteindre par ce groupe d’hommes dont la différence entre les personnalités ajoute de l’intensité au conflit. Il explore également le pouvoir qu’une personne peut exercer pour provoquer le changement. Les membres du jury ne sont identifiés que par des numéros, aucun nom n’est révélé sauf deux, lors d’un échange de dialogue à la toute fin. Le film oblige les personnages et le public à évaluer leur propre image de soi, de l’autre et de la situation en observant les personnalités, les expériences et les actions des jurés. Sur le niveau technique, le film se distingue par l’utilisation presque exclusive d’un seul plateau, où se déroulent les scènes du film sauf trois minutes.
Il faut dire que l’image de 12 hommes en colère présente, outre sa valeur cinématographique, un banquet somptueux de plusieurs concepts et techniques de développement personnel, de coaching, de management, et de conduite de changement : c’est un cas d’école en coaching d’équipe qui explique comment un groupe de personnes totalement différentes peuvent arriver à la cohésion une fois l’objectif collectif est bien défini, c’est une démonstration du métamodèle de la PNL fondé par John Grinder et Richard Bandler.
Un cas qui met en avant les omissions, les généralisations et les distorsions que les jurés font lors de leur débat, ainsi que les techniques de recadrage, de confrontation et de zoning, et il représente un bon exercice intellectuel pour déceler les projections et les incongruences.
Sur le plan managérial, le film expose plusieurs types de Leadership : Leadership situationnel (Cas du juré N°6 qui intervient pour apaiser la situation ou pour défendre ceux qui sont traités avec dédain), Leadership positionnel (Juré N°1 qui acquiert sa légitimité et son autorité de sa position de contremaître du jury), et Leadership participatif (Juré N°8 qui encourage les autres à exposer leurs idées, qui prend des risques, et qui partage honnêtement ses doutes) .
Je suis sûre que j’ai omis d’autres concepts qui peuvent encore enrichir le débat sur ce film. Déjà, je me trouvais devant l’exercice difficile de faire un choix quant à l’outil d’analyse le plus pertinent pour ce film, et après beaucoup de réflexion, j’ai abouti à la conclusion que je ne suis pas obligée de me contenter d’un seul, car chacun de ces outils enrichit le film et lui donne plus de profondeur.
Utilisant le cadre de référence de l’Analyse Transactionnelle, le film représente un excellent exercice d’analyse des Etats de Moi des 12 personnages, surtout quand il s’agit des contaminations ( préjugés ou illusions): Plusieurs jurés ont voté coupable initialement juste à cause de l’origine de l’accusé qui est venu d’un bidonville, un environnement où les crimes sont fréquents. Juré N°3 qui s’acharnait pour culpabiliser l’accusé car il lui rappelle sa relation difficile avec son fils. Juré N°5 qui s’identifie avec l’accusé parce qu’il appartient au même milieu social, et paradoxalement, cela semble l’une des raisons pour lesquelles il a voté coupable : il ne veut pas que la compassion l’influence, or, ironiquement ce fût le cas.
De même, le concept de la Méconnaissance donne une perspective spectaculaire sur les événements, les personnages, et le dialogue.
Selon Ken MELLOR et Eric SCHIFF “La méconnaissance est une omission inconsciente d’une information utile à la résolution d’un problème”.
Appliquer cette simple définition sur le film explique pourquoi 11 jurés étaient déjà prédisposés à voter coupable avant même d’investiguer le crime. Dès le début, on note une certaine indifférence chez les jurés, qui pour eux, l’affaire est close, il s’agit d’une simple formalité. Or, le juré N°8 bouleverse leurs plans quand il estime qu’envoyer un jeune homme de 18 ans à la chaise électrique est un sujet qui mérite d’être profondément discuté.
A ce moment, il serait possible d’analyser les modes de la méconnaissance chez l’ensemble des jurés:
Méconnaissance de l’existence du problème :
Depuis le début, les jurés (sauf N°8 évidemment) sont tous inconscients de la gravité de la situation : la vie (ou la mort) d’une personne dépend de leur verdict.
Méconnaissance de la signification du problème :
Du moment que les 11 jurés méconnaissent l’existence du problème, il est inévitable qu’ils soient aussi inconscients de l’ampleur de la situation : si leur verdict est incorrect, ils seraient responsables de la mort d’un jeune homme innocent.
Méconnaissance de la possibilité de changement :
Avec les discussions, les jurés ont commencé, même si à contrecœur, à accepter la probabilité que leurs décisions initiales étaient incorrectes, surtout avec la suggestion du juré N°8 qu’il n’est pas obligatoire d’être convaincu de l’innocence du jeune homme, il suffit d’avoir le doute.
Une fois soulagés de la charge de preuve, et avec la nouvelle prise de connaissance de leur responsabilité, les jurés ont commencé à creuser, à poser des questions pertinentes, et à remettre en cause les preuves circonstancielles présentées et travailler ensemble.
Méconnaissance de la capacité personnelle à résoudre le problème :
Arrivés à ce niveau élevé de prise de conscience, les jurés, un par un, combattent leurs propres démons intérieurs, et chacun d’eux ose challenger et contester la preuve qui lui semble la plus convaincante, et à la fin du film, ils aboutissent à leur objectif initial : Une décision unanime.
Il y a une touche très subtile intégrée par le réalisateur qui met le focus au début du film sur le ventilateur endommagé qui a commencé à marcher au bout d’une heure dans le film, symbolisant ainsi l’absence de communication entre les jurés au début du film et la convergence vers la cohésion plus tard, atténuant ainsi la chaleur insupportable, et la tension élevée entre les personnages.
Quel que soit l’angle par lequel on analyse ce chef d’œuvre, il y aura toujours un apprentissage : 12 hommes en colère est une leçon de vie qui nous montre que le changement est possible, il est juste conditionné de beaucoup de communication, de remise en cause, de patience et surtout de volonté à enlever la méconnaissance, car une fois enlevée, il y a un monde de possibilités à voir.
Hôtel Rwanda
Le film retrace l’action de Paul Rusesabagina, un Hutu, gérant d’un hôtel quatre à Kigali, qui abrita et sauva 1268 Rwandais tutsis et hutus modérés, dont sa propre famille, menacés par le génocide des Tutsis au Rwanda de 1994.
Les Promesses de l’ombre
(Eastern Promises)
Bouleversée par la mort d’une jeune fille qu’elle aidait à accoucher, Anna, une infirmière, tente de retrouver la famille du nouveau-né en s’aidant du journal intime de la disparue, écrit en russe.
Les fils des hommes
(Children of men)
Dans une société futuriste où les êtres humains ne parviennent plus à se reproduire, une femme tombe enceinte, et devient ainsi la personne la plus enviée et la plus recherchée de la Terre. Un homme est chargé de sa protection.
Mme. Fatima KASSIMI
Coach Personnel et Professionnel,
Responsable Développement RH.
Article du magazine « AIGLE », 8ème édition